mercredi, juin 20, 2007

Marathon de Dalian... suite

Bonjour à tous, hier je n'ai pas pu me connecter à blogspot pour diverses raisons et vais donc vous livrer présentement mon bilan sur ce marathon et une cascade de photos puisque j'en ai sélectionné 50 pour cette fois çi et peut être qu'il y en aura plus tard.

Alors avant ce marathon-photos commenté, voici un petit récit sur mes impressions et les chiffres officiels récupérés dans le journal... il faut dire que ceux que l'on avait n'étaient pas très justes.

Le départ du marathon; pour lequel je m'étais bien entraîné comme vous avez pu le voir dans mes précédents articles, a eu lieu ce dimanche 17 juin à 8h00...

Départ à la Chinoise, c'est-à-dire que l'officiel, après avoir fait son discours a tiré au pistolet directement sans être descendu de l'estrade... tout le monde a été un peu surpris... d'autant plus que le départ avait lieu, toutes catégories confondues avec les marathoniens devant.

Le début de la course a constitué en une mélée entre les 7500 coureurs, le tout était de bien gérer la vitesse, pas trop vite pour ne pas "se griller" comme on dit dans le jargon (ah ah je me sens comme un vieux baroudeur maintenant!) et se laisser dépasser par tous les excités...

A propos, certains étaient vraiment étranges, soit c'était la première fois qu'ils courraient soient ils ne savaient pas à quoi s'attendre... certaines avaient des drôles de baskets, d'autres avaient des chaussures de villes et certains même courraient pieds nus... "hen chufu" comme il disait!
(réne choufou = trés confortable).


La carte pour ceux qui ne l'auraient pas vu: (vous pouvez l'enregistrer avec "clic droit"-> "enregistrer sous" et zoomer dessus avec votre navigateur de photos)




Après un agréable parcours par temps frais, à l'ombre des grands immeubles de Dalian le soleil a commencé à monter et les esprits à se refroidir.

Certains des coureurs (un grand nombre) partis trop vite commençaient à ralentir voir à marcher pour certains, sans parler de tout ceux qui avaient fini (5km, 8km, 10km)...

Pendant ce début de course nous avons (les TROIS Français coureurs, David, Romain et moi-même) fait connaissance avec un Allemand nommé Frank, très sympa, prof d'allemand à Dalian.
Après une petite discussion nous nous sommes rendus compte que nous avions les mêmes objectifs, c'est-à-dire moins de 4h à 4h, si le temps le permettait et nous avons décidé de faire le marathon ensemble.

D'autant plus que Frank en était à son 4ème marathon, deuxième à Dalian, troisième en Chine donc il avait de l'expérience.

Les chaussures avalèrent les kilomètres et nous amenèrent très frais autour de Youhao Guangchan, la place de l'amitié, "la boule" comme on l'appelle entre français (vous verrez la photo et vous comprendrez).

Ici le professeur de Chinois Zhang Laoshi, nous attendait avec de l'eau pour s'arroser (on avait bien prévu le coup) et son mari pour nous photographier.

Ce qui m'amène aux ravitaillements, placés tout les 5 ou 2,5 kilomètres selon les moments de la course.

Globalement trop court ou trop peu pour le temps qu'il faisait (très chaud au soleil, entre 25 et 35°C en perçu grâce à un petit vent, donc jusqu'à 40 en plein soleil, mais dur à supporter car 64% d'humidité, manque de chance pour moi il a plu seulement mardi et aujourd'hui et nuageux seulement lundi...).

Un ravitaillement de trois tables, eau sucrée (petit verre), eau normale (grand verre), eau goût "orange sucrée"... Quand on court avec deux mains... quand on est normalement constitué, on peut prendre deux gobelets... une bouteille serait mieux...

Aucun ravitaillement "solide" n'étant donné, j'ai donc couru avec ma potion magique dans la main tout du long (lait concentré + sucre + miel + concentré multi-vitaminé)... au début j'en ai pris assez (juste avec les ravitos) mais à la fin j'étais déshydraté du coup je n'en prenais plus...

Toujours est il que nous avons parcouru les 9 premiers kilomètres en 50 minutes puis les 3 suivants en 20 minutes... très réguliers donc.

Nous avons eu l'occasion de courir sur ces grands boulevards, habituellement bondés de voitures et de circulation, désertés car interdits de circulation pour l'évènement.

Je me suis senti très bien et très léger à ce moment-là.
Profitant totalement du plaisir de la course dans ce cadre inédit, le dur entraînement était derrière moi, je n'avais plus qu'à profiter de cette course, de cette fête.

Avec l'Allemand qui gardait le rythme nous n'avons pas fait l'erreur de trop ralentir et nous nous sommes retrouvés à la fin du premier semi (21 km) en bon état, fraîcheur mentale, légères douleurs physiques (pour ma part une ampoule sous la plante du pied gauche récupérée km14 et des irritations aux adducteurs mon sparadrap s'étant fait la malle avec l'arrosage répété).

La course, jusque-là bien encouragée car ombragée et en centre ville, a pris un autre tournant.

La majorité des coureurs était soit derrière (fin des "petites" distances, départs trop rapides)
soit devant (le peloton des pros qui avait une heure vingt d'avance sur nous à la fin).

Le reste était étalé tout du long et nous n'avons pas arrêté de doubler des gens, pas trop mal pour le moral.

Le soleil est devenu très fort et nous savions que nous rentrions dans la phase difficile de la course... "La course commence vraiment" a dit Frank.

Avec le soleil et les collines successives, pas d'ombres, moins de spectateurs, aucun pour nous encourager croyant que nous ne parlions pas Chinois, parfois certains le faisaient mais souvent il fallait leur demander...

La fatigue commençait à arriver... les 25 km aussi et avec eux le fameux 'mur'.
Celui auquel la plupart des coureurs sont confrontés... la fin pour certains ou le début de la fin, un mauvais cap à passer.

Je commençais à avoir très mal au ventre et à perdre de l'énergie... ce qui est mal car la gestion de l'énerige est très importante lors de la course.

Romain avait une petite faiblesse et David le soutenait.

Nous nous sommes séparés à cet endroit en deux paires Romain et David ainsi que Frank et moi.

Je suis arrivé alors au km 28,5... virage le plus au Nord de la course.
On nous a donné un bracelet pour attester de notre passage puis il restait le retour... 13,5 km un peu moins d'un tiers... mais le plus dur, là où tout se joue.

Perdu de vue Romain et David, grand soleil de face et qui chauffe bien malgré la crème solaire, l'eau, la casquette et les lunettes de soleil, un début d'insolation et une déshydratation qui progresse...

Sur le côté de la route peu de spectateurs, tous les deux cents mètres des personnes qui marchent, ils ont "goûté au mur"...
En tout et pour tout, sur ce dernier tiers, j'ai croisé une vingtaine de coureurs, les autres marchaient... j'ai quand même doublé la championne de Shangaï (ah ah! "moi fier" ^^).

Plus les kilomètres s'accumulaient plus la fatigue augmentait, les muscles commençait à être durs et les jambes étaient lourdes depuis un moment.

Je commençais à craquer mais j'ai tenu bon en pensant à vous chers lecteurs, eh oui! Il fallait bien que je puisse vous raconter la fin...

Kilomètre 38 les jambes qui commencent avoir des crampes, je force un peu en me disant que c'est bientôt fini:

"No brain, no pain"

Plus qu'un seul objectif, finir.

Bonne surprise à la fin de la dernière montée, mon amie allemande, Karla nous attendait pour nous encourager, un petit arrosage automatique et quelques encouragements après c'était reparti tant bien que mal, surtout mal... aux jambes.

Kilomètre 39... un virage, Frank m'encourage, il n'en peut plus lui aussi, il faut dire qu'il faisait tellement chaud et les ravitaillements tellement légers que nous étions trop déshydraté, ajoutez à ça la fatigue et bienvenue aux crampes!

C'est ce qui m'arrive donc, double crampe... alors qu'il restait 20 minutes et que j'allais faire ce temps inespéré de 3h45....

Ne voulant pas gâcher la performance de Frank je lui dis de continuer sans moi, ce qu'il fait, mais apparemment cela lui a flanqué un coup au moral puisqu'il a ralenti.

Me voilà seul.
Encore moins de Chinois, c'est étrange, il y a de l'ombre, c'est le centre ville et la ligne d'arrivée est proche, plus que 2 kilomètres et 195 mètres...

Je ne peux plus courir vraiment, je ne peux pas marcher non plus sinon je ne pourrais pas repartir;
Alors je trottine, mais ça fait mal, alors je le fais sur la pointe des pieds.

C'est comme ça que j'arrive au stade, crevé, la tête qui tourne, au-delà de la douleur, je crois que c'est difficile à comprendre si on ne l'a pas vécu.

On ne peut plus, on se force, on ne peut vraiment plus mais on continue quand même, ce serait trop bête d'échouer si près de l'arrivée.

Chaque pas est un calvaire, un mot une torture... le stade est là...

Il faut encore faire ce dernier tour... je n'en peux plus.

Je hais cette Reine (Angleterre) à qui on doit ces deux kilomètres 195 de plus.

Plein soleil sur le stade, pas d'ombre, pas de spectateurs, je pense même pas regarder à ma gauche... les amis allemands sont là et m'encouragent mais je n'entend rien, juste ce stade...

Dieu sait que j'en ai fait des tours de stade cette année mais celui-ci me semble incroyablement long.

Je vois un vieux Chinois qui marche en boitant, je l'interpelle et je lui parle en Chinois:

- "Ami Chinois, finissons ensemble, viens avec moi"

Après une hésitation:

- "D'accord".

Mais après sept pas bras-dessus bras-dessous il n'en peut plus et se remet à boiter, il ne peut pas finir avec moi...

Plus que 205 mètres... j'ai trop mal, dernière ligne droite...

Je veux "sprinter"... je tente, je peux pas, trop mal...

Je trouve un moyen, je beugle pour me donner des forces (bientôt la vidéo ^^) et je courre en diagonale, presque en pas chassés, j'avais l'impression de courir vite, Frank est là de l'autre côté de la corde et m'encourage...

20 mètres, 10 mètres, 5 mètres, mon cerveau ne pense plus à rien... juste cette ligne.

Je la passe.

Voilà.

C'est fini.

Je comprend rien de ce qui m'arrive.

On me tend une serviette (ça veut dire que je suis dans les 200 premiers), on me donne un carton avec mon classement, 141ème, je ne réagis pas...

Mes amis sont là et me félicitent et moi je reconnecte à la réalité, après l'état de choc, la crampe fulgurante, je tombe pour m'asseoir dans l'herbe et je crois que j'ai dit un truc du genre:

"AÏE! AÏE! AÏE!"

Deux Chinois se jettent sur mes jambes et me donnent des coups de poings... sur les mollets et les cuisses, une bonne petite douleur, puis rapprochement des pointes vers les tibias...
Une autre douleur...

Puis ça passe.

Je bois de l'eau qu'on me donne, je mange une banane doucement selon les conseils de Mandrey un allemand qui a couru le marathon...

J'ai du mal à réaliser... mon premier marathon, l'aboutissement d'une année d'entraînement, 42km195 en 3h58 et 21 secondes dit le chrono officiel (on avait pas de puce donc j'ai une minute de décallage à ma montre du au départ différé).

Voilà, j'ai donc rempli tous mes objectifs, la douleur fait place à la fatigue mais aussi à l'euphorie.

Je voudrais remercier ici tous ceux qui m'ont donné des conseils et encouragé et ceux auxquels j'ai pensé pendant cette épreuve. On dirait vraiment une interview de sportif après match... mais je comprend pourquoi, le mental a un impact énorme sur le reste, la course se joue aussi dans la tête.

Alors trêve de bavardages, en trois jours à marcher en canard me voilà rétabli, je peux à nouveau monter et surtout DESCENDRE les escaliers.

Seule perte à déplorer, trois ongles de pied... mais ça repousse.

Maintenant place aux photos de Mathieu et Nicolas qui nous ont gentiment photographiés.
Merci à eux!


Les coureurs se préparent.




La championne de Shanghaï


Un Nigerian que je donnais favori mais qui est arrivé 4ème apparemment après deux Chinois
Le premier a fait 2h18.


Romain


David


Moi même lors des préparatifs des dossards




Les danseuses pour se mettre en rythme, nous on s'échauffait pendant ce temps là, on a rien vu.


Un des coureurs handicapé en pleine action... à côté c'est nous qui faisions handicapé!


Les premiers coureurs sortent du tour de la place de Xinhaiguangshang où a lieu le départ.


Tee shirts verts, l'équipe féminine Chinoise, en bleu les semi marathoniens en rouge les 10km, les dossards roses sont pour le marathon.


Dossards jaunes: 5km, en dossards verts ce sont les 4,5km (les enfants et personnes agèes)



Il y a des jeunes participants.


Un Italien qui fait parti des 11 qui m'ont doublés à la toute fin après les crampes.


Certains ont préjugés de leurs forces.


Et voilà les touristes!


Je comprend mieux pourquoi j'avais du mal à suivre les foulées de Frank...


Voilà les "séniors" et le "poussin" de la journée!



Toujours frais au km 8





En contournant "la boule"


Sûrement les plus jeunes des marathoniens... 14-15 ans...


"Tomber la... tomber... tombez la chemise!"


Certains ont la classe comme ce japonais... c'est lui le 3ème.


Un ravitaillement, tout est dans le geste.



Certains préférent marcher pour boire. (ça évite de faire comme moi, mettre la moitié à côté, sans parler de la fois où je me suis versé l'eau sucré sur la tête et bu l'eau...)


Agé mais en forme!



Là où l'on peu comprendre le bonheur de l'éponge (zoomez si vous pouvez!)


Méthode plus radicale pour se rafraîchir...




Un des orchestres jalonnant la course.


Mister JO 2008


Retour près de la boule km 12,5


Toujours la forme et la classe après plus de 40 km


Mais pour la plupart ce sont les km de la douleur



Douleur inscrite sur les visages


Les moments les plus durs de la course


Je n'y ai pas échappé


Mais j'étais devant elle! Ah ah!



David à bouts


Romain 8 minutes plus tard arrive (dans le fond) au dernier ravitaillement


Enfin le stade...


Et ce dernier tour en plein soleil


Après l'arrivée il faut se reposer et se protéger


La fatigue inscrite sur les visages


Et ailleurs...


Peu importe la propreté, le bien être seul importe.



D'ailleurs Romain l'applique pendant que l'on récupére les diplômes


Comme quoi les SDF en Chine sont des étrangers... "T'y est belle Laoumine!"



Médaillés et posants pour la posterité... Marathon: ça... c'est fait!

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